30/09/2010

La Réctorie, Collioure Parcé frères

Les vins de Collioure sont produit sur les bords de la Méditerranée, à la limite de la frontière espagnole. Ils sont les petits frères secs des vins mutés de Banyuls. Comme nous n’aurons pas ici l’occasion de goûter de vins mutés en raisons de leur prix (ou alors insistez), nous en parlerons aujourd’hui.
Un vin muté n’est pas un vin au sens strict. En effet, il s’agit de jus de raisin, éventuellement partiellement fermenté, auquel on ajoute de l’alcool vinique (alcool neutre à 95% issu de raisins) jusqu’à un titre alcoolique d’environ 20%. Ceci permet de protéger le produit des levures et bactéries qui risqueraient de faire partir le jus en fermentation. L’alcool est toxique pour ces micro-organismes et un degré d’alcool de 20% est une dose stérilisante. C’est le fait d’empêcher le départ ou la poursuite de la fermentation par un ajout de produit (alcool, SO2…) qui est appelé « mutage ».
Chaque région produit son vin muté : Ratafia en champagne, Carthagène en Languedoc, Macvin dans le Jura… Ces vins étaient historiquement de piètre qualité, car produits à partir des déchets de la production viticole « classique ». Après pressurage, on imbibait les marcs* d’alcool afin d’extraire les restes de jus et de sucre, cette technique donnant de forts arômes végétaux. On pouvait faire de même avec de l’eau que l’on faisait ensuite fermenter afin de produire de la piquette (dont c’est la véritable définition).
Les plus célèbres vins mutés sont issus de raisins rouges et sont le Porto portugais et le Maury et le Banyuls français.


La robe est sombre aux reflets tuilés
Le nez est très épicé, sur des notes de cannelle et de réglisse. Les effluves poivrés de l’alcool se font sentir.
La bouche est douce dans sucrosité. Les arômes de tabac et de bois exotiques sur une trame alcooleuse enrobent le palais. La persistance est moyenne avec une absence totale de tanins.

Ce vin peut être servi sur une volaille. Je préférerais toutefois ajouter quelques euros pour aller sur un Banyuls ou Maury à apprécier sans modération avec un carreau de chocolat.

Prix : 9€ sur http://www.cave-gustumo.com ou chez Auchan
Le rapport qualité prix laisse à désirer

*vendange pressée, c’est à dire principalement des rafles, des peaux de raisin et des pépins.

29/09/2010

Jean-Luc Colombo, Les collines de Laure Syrah, 2009

Comme il existe plusieurs variétés de pommes (reinette, golden, granny smith…etc.), il existe plusieurs variétés de vignes. Ces différentes variétés cultivées sont nommées « Cépages ». Chaque cépage possède un nom et des caractéristiques propres qui s’expriment aussi bien au niveau de la plante (taille des rameaux, forme des feuilles et des grappes…etc.) que des vins (profil aromatique, tanins, robe…etc.).
La Syrah est, en France, le cépage des vins rouges de la vallée du Rhône septentrionale. Il a été énormément exporté et fait aujourd’hui partie des grands cépages rouges internationaux, aux côtés notamment du Cabernet-Sauvignon. La Syrah est un cépage très polyvalent, apte à  produire à gros rendements des vins légers lorsqu’il est cultivé sur des terres riches aussi bien que des cuvées denses et complexes sur les pentes caillouteuses de l’Hermitage ou de la Côte-Rôtie.
Les vins de Syrah sont très colorés, possèdent une structure de tannin moyenne supérieure, sont riches en alcool et relativement pauvres en acidité. Leur caractéristique principale est une grande expressivité aromatique dont les notes différenciatrices pour les vins jeunes sont la violette et le poivre et pour les vins vieux, la truffe.


La robe est d’un rubis profond aux légers reflets lilas.
Le nez est très expressif sur une base de fruits rouges avec une pointe de poivre et de violette.
La bouche est souple, relativement simple sur le fruit rouge avec de délicates notes épicées. Les tanins ne se font pas sentir autrement que par leur apport à la structure du vin. La finale est un peu courte.

Ce vin nécessite l’accompagnement d’une viande rouge ou de charcuterie typée (saucisson d’âne ou de sanglier).

Prix : 5€ chez Nicolas

28/09/2010

Les tourelles de Laffitte Teston, Pacherenc du Vic-Bilh, 2008

Il y aurait beaucoup à dire sur la région et sur les vins liquoreux, mais aujourd’hui j’aimerais vous parler des seconds vins. Qu’est ce ? Sont-ils de bonnes affaires ?

Beaucoup de producteurs choisissent leurs meilleurs fûts ou leurs meilleures parcelles afin de créer une cuvée de qualité supérieure. « Prestige », « Réserve »… etc. sont quelques-uns un des noms donnés à ce type de cuvées. Cependant, certains producteurs font le raisonnement inverse et décident de « déclasser » une partie des jus jugés de qualité insuffisante pour entrer dans le « grand vin » et qui constitueront un « second vin ». Le raisonnement peut être poussé plus loin dans les premiers grands crus bordelais qui n’hésitent pas à produire un troisième voire un quatrième vin. Ces vins contiennent donc les vins issus des jeunes vignes, des terroirs un peu moins qualitatifs ou des terroirs ayant dans les conditions spécifiques du millésime donné un résultat moins satisfaisant. Ils sont généralement vendus sous un nom ou avec une étiquette rappelant le château ou le domaine dont ils sont issus, mais sans se prévaloir des mêmes mentions de qualité (comme le classement de 1855 pour Bordeaux ou une AOC pour le Rhône). L’intérêt de ces vins est donc de goûter au travail de bons domaines pour une fraction du prix de leur grande cuvée avec le raisonnement suivant : « Mieux vaux le second vin d’un vigneron qui travaille bien que le premier vin d’un vigneron qui travaille mal ». Si le raisonnement pouvait être tenu il y à 10 ou 20 ans, deux facteurs se combinent pour diminuer l’attractivité des seconds vins :
Tout d’abord, d’énormes progrès techniques ont été faits sur l’ensemble des propriétés, de telle façon qu’il existe aujourd’hui des centaines de vignerons produisant de bons vins et que les vins véritablement mauvais sont de plus en plus rares. Ensuite, l’augmentation faramineuse des prix des seconds vins à Bordeaux, place certains à des niveaux de prix indécents. Les seconds vins sont donc aujourd’hui rarement de bonnes affaires, car l’acheteur paye forcement la « marque » du 1er vin, il y a heureusement des exceptions.


La robe est de couleur paille, plutôt claire pour un liquoreux.
Le nez est délicat, légèrement fermentataire, sur des notes de poire, et de fleurs blanches.
La bouche présente une sucrosité moyenne* de belles notes de fruit de la passion, d’épice et de thé. La persistance est fine, sur les notes épicées, l’ensemble a beaucoup de fraîcheur.

Ce type de vin sucré sans lourdeur est très agréable à l’apéritif pour les amateurs. Si vous souhaitez l’accompagner d’un plat, optez pour un dessert pas trop riche en sucre. Une mousse ou un gâteau de fruits exotiques (passion, mangue ou ananas) serait parfait.

Prix : 8,07€ chez Auchan

*Pour les liquoreux, on utilise les raisins les plus riches en sucres afin de produire les 1er vins, les seconds sont donc plus légers.

27/09/2010

Domaine Malet, Valençay Prestige, 2008

Valençay, petite appellation (140ha) située entre Tours et Bourges, cumule les atypicitées.
Tout d’abord, il s’agit de la dernière AOC au sud est du Val de Loire, avant de rencontrer les vignobles du centre de la France
Par ailleurs, alors que la grande majorité des AOC rouges de la région sont issus à 100% de Cabernet franc, ces vins sont issus d’assemblages de plusieurs cépages avec une majorité (jusqu’à 60%) de Gamay, et les cépages Pinot noir, Côt, Cabernet franc et Cabernet-Sauvignon.
De plus, tandis que la grande majorité des vignes françaises est plantée sur des terroirs calcaires, le terroir de valençay est siliceux (nous reviendrons sur l’impact que peut avoir cette différence un autre jour).
Pour finir, Valençay est le seul nom d’AOC utilisé à la fois pour un vin et un fromage.

Pour toutes ces raisons, servez un vin de Valençay à un amateur, il en sera tout désorienté. Vous pourrez également vous rendre intéressant auprès de votre grand-oncle féru d’histoire en lui apprenant que c’est du terroir de Valençay que provenaient les  pierres à fusil qui ont été utilisées dans les campagnes napoléoniennes.


La Robe est claire, violine.
Le nez est particulièrement gourmand et frais, plein de fruits rouges avec une petite pointe minérale (grand débat dans le monde du vin, nous y reviendrons également).
La bouche est fine, vive, elle s’exprime sur la cerise juste cueillie (miam) et la menthe. La légèreté des tanins, et la persistance sur des beaux arômes de rafle* donnent de la classe à ce vin.

Pour rester dans la région, goûtez le avec un Valençay (le fromage cette fois-ci) pas trop sec. Miam!
Prix : 4,50€ chez Auchan
Un Excellent rapport Qualité/Prix

*partie de la grappe qui reste lorsqu’on en a retiré les raisins. Si la grappe à été cueillie à maturité, la rafle donne au vin des arômes nobles, dans le cas contraire, des arômes et des tanins verts.

24/09/2010

Château les Aubiers, premières côtes de Blaye, 2007

Savez-vous qu’en arrivant à Bordeaux, les romains n’ont trouvé que des marais nauséabonds (terroir peu fameux pour la qualité de ses vins)? Alors d’où vient la réputation internationale des vins de Bordeaux ? Tout simplement du commerce! En effet, durant des siècles, le moyen le plus sur et le plus rapide de transporter du vin est resté la mer. Les Bordelais contrôlant le port, ils avaient toute liberté pour entraver la commercialisation des vins provenant de l’intérieur des terres (Les actuels vignobles du Sud-Ouest) et avaient un accès privilégié à un très important marché : L’Angleterre. Bordeaux s’est donc avant tout développé comme une marque et comme un vignoble d’exportation. Cette orientation à l’internationale a perduré grâce au classement de 1855 qui a donné une lecture simple et compréhensible de ces vins et grâce à l’action des grands crus classés très dynamiques. (Nous reviendrons sur ce classement un autre jour)

Vous vous en doutez, nous ne goûterons pas ici à priori de crus classés mais plutôt des vins du Medoc, de Blaye, de Bourg…etc. tous ces vins dont une barrique se vend le prix d’une bouteille des crus les plus recherchés.


La robe est très profonde, couleur sang de taureau.
Le nez est tout d’abord légèrement réduit et demande une petite minute d’aération dans le verre. Il dévoile ensuite une belle complexité sur les petits fruits noirs et une note de fumée.
La bouche est riche avec de beaux arômes de mûre, de cacao et de pain grillé. Les tanins sont bien présents mais sans agressivité, et garantissent quelques années de garde sans déranger aujourd’hui. On regrettera une pointe d’amertume en finale mais la belle longueur sur la praline nous fait tout pardonner.

Ce joli vin, avec un bel élevage, sera parfait pour épater belle-maman et beau-papa ce Week-end sans vous ruiner (les beaux-parents sont toujours sensibles aux vins de Bordeaux). Préférez le sur une belle viande rouge cuisinée saignante !

Prix : 6,50€ chez Monoprix

23/09/2010

Bastide de Lussane, Côtes du Rhône Village Laudun, 2008

Les Côtes du Rhône représentent une grande région de production structurée à plusieurs niveaux :
-Côtes du Rhône : Appellation régionale recouvrant près de 40.000 hectares (ha).
-Côtes du Rhône village : Appellation recouvrant des terroirs plus qualitatifs au cœur de l’appellation soit environ 10.000 ha.
-Côtes du Rhône village communale : Appellation couvrant les meilleurs terroirs sur lesquels les villages peuvent ajouter leur nom à l’appellation. Il en existe dix-huit dont les plus connus sont Rasteau, Cairanne, Sablet et Plan de dieu. Laudun en fait partie.
Plus d’informations ici : http://www.vins-rhone.com/fr/2510-Appellations%20CDR.html

Le terroir de Laudun est typique des Côtes du Rhône de qualité, il s’agit de pentes sèches, pierreuses et graveleuses qui permettent à la vigne de s’enraciner profondément et de produire en petite quantité des vins riches. Les cépages les plus utilisés pour les vins rouges dans la région sont le Grenache, la Syrah et le Mourvèdre (nous détaillerons leurs caractéristiques un autre jour)

Il est à noter que les vins des Côtes du Rhône rouges font partie des meilleurs rapports qualité/prix dans la gamme des vins de 3-6 euros.

La robe est d’un beau et franc Grenat parfaitement translucide.
Le nez demande un peu d’aération pour se défaire de notes animales peu attirantes. Une fois cette première impression passée, il dégage un ensemble épicé agréable avec des notes de tabac, de menthe poivrée et de mélisse (odeur réglissée).
La bouche présente une attaque fraîche, sans lourdeur malgré les 14% d’alcool déclarés sur l’étiquette. Les arômes de fraises cuites et d’épices douces dominent sur une impression de rondeur. On regrettera une légère sécheresse en fin de bouche lorsque le vin est dégusté seul.

Vous apprécierez particulièrement ce vin sur un Agneau aux épices qui jouera le ton sur ton avec les arômes du vin. Comme souvent avec les vins riches en alcool (à partir de 14% indiqué sur l’étiquette) je vous conseille de le rafraîchir légèrement (15-30 minutes dans le frigo) avant de servir.

Prix: 3,90€ chez Monoprix

22/09/2010

Tariquet Classic 2009

Tariquet est à l’origine une Maison produisant de l’Armagnac. Le manque de popularité de ce produit et la mode du vin les ont poussé à produire des Vins de Pays de Gascogne à base des cépages traditionnels de l’Armagnac : Ugni blanc et colombard. Leurs vins sont généralement blancs, acides et sucrés (de plus en plus en montant dans la gamme).

La robe est très claire avec des éclats dorés.
Le nez est fermentaire (relativement normal pour un vin de moins d’un an) sur les notes de pêche et de fleurs blanches.
La bouche est vive et très fruitée, enveloppée par le sucre résiduel qui donne de la rondeur à l’ensemble. On note une pointe de CO2 conservée par le vinificateur pour donner plus de fraîcheur à son vin. (En effet le CO2 en solution se comporte comme un acide).

On reproche souvent aux vins de Tariquet leur côté « technique », cependant ce vin reste un excellent rapport qualité/prix et est indéniablement consensuel !

Ce vin frais peut être apprécié pour lui, servi bien frais dans la chaleur de l’été, ou sur un poisson blanc à chair ferme. Si vous optez pour la deuxième option, attention au léger sucre du vin et préférez une cuisson au four avec fenouil et/ou vin blanc.
 
4,50€ chez vinatis.com et dans beaucoup de supermarchés.

21/09/2010

Jean Paul Brun, Beaujolais, 2009

Pour commencer, intéressons nous aux vins du Beaujolais, région injustement décriée, en raison du troisième jeudi de novembre*.
La région possède 10 crus**, que nous serons probablement amenés à croiser ici, répartis sur les coteaux du nord de l’appellation.
Le vin qui nous intéresse aujourd’hui est un beaujolais générique (donc pas un cru) provenant du négoce*** de M. Jean Paul Brun connu pour la qualité de ses produits.

La robe est d’un beau rubis aux légers reflets violets.
Le nez est frais, sur la framboise, avec une pointe d’agrumes et quelques restes de banane (arôme provenant de la fermentation et disparaissant rapidement au vieillissement).
La bouche est fluide sans être fluette, et l’on retrouve la framboise accompagnée d’un léger arôme de cèdre.
Ce vin présente une belle buvabilité mais on pourra lui reprocher une léger manque de complexité pour le prix.
Vous apprécierez ce vin à l’apéritif, avec un bon saucisson.

Prix : 7,50€ chez Franprix
*le jour du « Beaujolais nouveaux »
** zone délimitée correspondant à un terroir spécifique produisant des vins de qualité.
*** le négociant, par opposition au récoltant, achète les vins plutôt que de les produire

Présentation

Bonjour et bienvenue sur ce Blog,

Nombreux sont ceux qui aiment boire et parler du vin. Cependant, beaucoup font le choix de s’intéresser en priorité aux grands crus, aux verticales* époustouflantes et aux dîners épiques.
Rien de tout cela ici. La modeste ambition de ce blog est de vous guider dans la jungle des linéaires de supermarché et des producteurs inconnus pour trouver notre Graal : de bon vins pour quelques euros.

J’espère que vous prendrez autant de plaisir à la lecture de ce blog que j’en prends à la rédaction. N’hésitez pas à participer et à faire partager vos découvertes !

 *dégustation d’un même vin sur plusieurs millésimes